"Celui qui accepte le mal sans lutter contre lui coopère avec lui" Martin Luther King

Les victimes avérées


Officiellement Jack l'éventreur a cinq victimes à son actif, même si la police a eu longtemps des doutes sur l'ultime. Effectivement le mode opératoire et le lieu sont un peu différents des autres. Par contre les lésions et le prélèvement d'organes incitent indubitablement à penser qu'il fut l'oeuvre du même tueur dans une folie meurtrière.

Dans les archives de la Metropolitan Police, on découvre que sept autres victimes auraient pu faire partie du tableau de chasse du tueur. Seulement, une fois de plus, les modes opératoires et les lésions sont très différents des victimes officielles.

Pour certains experts et "ripperologistes", un de ces sept cas semble pourtant très probable. Celui de Martha Tabram, tuée quelques temps avant la première victime officielle. Je me rallie également volontiers à cette hypothèse, dans le sens, où on pourrait allègrement penser qu'elle fut son coup d'essai.


Mary-Ann Nicolls
dite « Polly »


(43 ans)

Égorgée et poignardée au ventre

Date de naissance : 26.08.1845  à Londres

Date du décès : 31.08.1888

Nom de jeune fille : Mary-Ann Walker

Dernier domicile : 56, Flower Street

Décrite comme une fille propre sur elle par ses connaissances, malgré ses penchants alcoliques. Mariée à William Nicols en 1864, elle eut 5 enfants. Séparée depuis 1881, elle fit occasionnellement la prostituée pour nourrir ses enfants. Elle fut enterrée le 6 septembre 1888 au Manor Park Cemetery de Sebert Road.

Son corps fut retrouvé entre 3 heures 30 et 3 heures 45 du matin dans Buck’s Row, la gorge tranchée, la langue lacérée et l’abdomen entaillé ; ses organes génitaux étaient également profondément entaillés. L’autopsie conclut que la victime fut d'abord étranglée et que l’assassin était un gaucher, fait démenti plus tard par de nombreux criminologues.

Les journaux de l’époque, quotidiennement remplis d’articles sur des femmes assassinées, mutilées ou brûlées vives, considérèrent ce cas comme « étrange », mettant ainsi le doigt sur la particularité du mode opératoire du tueur sur la victime.


Rapport d'autopsie

Cinq dents étaient manquantes, et il y avait une légère lacération de la langue. Il y avait une ecchymose qui longeait la partie inférieure de la mâchoire sur le côté droit du visage. Cela pourrait avoir été causé par un coup de poing ou la pression d'un pouce. Il y avait une ecchymose circulaire sur le côté gauche de la face qui pourrait également avoir été infligée par la pression des doigts. Sur le côté gauche du cou, à environ 1 pouce sous la mâchoire, il y avait une incision d'environ 4 pouces (18cm) de longueur, immédiatement au-dessous de l'oreille. Sur le même côté, mais un pouce au-dessous, se trouvait une incision circulaire, se terminant 3 pouces sous la mâchoire droite. Cette incision avait complètement rompu tous les tissus jusqu'aux vertèbres. Les gros vaisseaux du cou, des deux côtés ont été sectionnés. L'incision était d'environ 8 pouces de longueur. Les incisions doivent avoir été causées par un long couteau à lame, moyennement grand, et ont été infligées avec une grande violence. Peu de sang  sur la poitrine, sur le corps ou les vêtements. Aucunes traces de blessures sur le corps jusqu'au niveau de la partie inférieure de l'abdomen. Deux ou trois pouces du côté gauche commencait une plaie, faite avec un ustensile dentelé. La blessure était très profonde, et les tissus ont été coupés. Il y avait plusieurs incisions traversant l'abdomen. Il y avait trois ou quatre coupes similaires en cours d'exécution vers le bas, sur le côté droit, qui ont toutes  été causées par un couteau, utilisé avec violence et en bas, les blessures ont été faites de gauche à droite et pourrait avoir été faites par un gaucher. Toutes les blessures ont été causées par le même instrument. 



Enterrée dans le cimetière et crématorium de Londres (en) le 6 septembre 1888, 
sa tombe publique est numérotée 210752






Annie Chapman
dite « Dark Annie »


(47 ans)

L’Éventreur l’a éviscérée et a prélevé son utérus

Date de naissance : Septembre 1841 à Londres

Date du décès : 08.09.1888

Nom de jeune fille : Annie Elisa Smith

Dernier domicile : 35, Dorset Street

Annie est l'ainée d'une famille de quatre filles. Elle se maria à John Chapmann en 1869 et eut 3 enfants (deux filles et d'un fils invalide). Elle se sépara d'un commun accord avec son mari en 1884. Elle se lança dans la prostitution après sa séparation. Décrite comme une bonne vivante et relativement sobre par son entourage, même si elle ne crachait dans un bon petit verre de rhum. Elle fut enterrée le 6 septembre 1888 au Manor Park Cemetery de Sebert Road.

Elle fut tuée le samedi 8 septembre 1888 au matin, dans la cour intérieure du numéro 29 de Hanbury Street. Elle fut incinérée le 14 septembre 1888 à Manor Park.

Son corps fut retrouvé gisant à terre, la gorge tranchée et la tête presque séparée du corps. Le ventre était ouvert et les intestins déposés sur l’épaule droite de la victime, tandis que le vagin, l’utérus et les deux tiers de la vessie avaient été prélevés. À ses pieds, on découvrit quelques pièces de monnaie et une enveloppe en papier portant la date du 28 août.

Un témoin, habitant de l’immeuble, affirma avoir entendu une femme crier « non » mais avoua ne pas avoir eu le courage de regarder par la fenêtre. Le lendemain, une petite fille informa la police qu’elle avait vu, quelques maisons plus loin, une flaque de sang : les policiers déclarèrent qu’il s’agissait probablement d’une trace laissée par le tueur alors qu'il emportait les organes prélevés sur la victime[réf. souhaitée].

Quelques jours plus tard, les policiers arrêtèrent un boucher juif du quartier, John Pizer, en se basant sur le fait qu'un morceau de tablier de cuir aurait été retrouvé sur les lieux du crime. Il fut toutefois rapidement établi que ce morceau de cuir n’avait aucun lien avec le crime : il appartenait à un locataire de l’immeuble, qui l’avait lavé et mis à sécher. Pizer fut cependant incarcéré pendant deux jours, afin de permettre à la police de le disculper aux yeux de la foule qui voulait le lyncher.

À partir de ce moment, l’assassin fut qualifié de dément fanatique ou de maniaque sexuel, sans aucune connaissance en anatomie. L’unique indice provenait de quelques témoins qui affirmèrent avoir vu les victimes discutant avec un homme portant un chapeau de chasse et un long manteau sombre. Il est dit également qu'il boitait.



Rapport d'autopsie

Premier rapport sur les lieux

Le bras gauche était placé sur la poitrine gauche. Les jambes ont été pliées, les pieds reposant sur le sol, les genoux tournés vers l'extérieur. Le visage était enflé et tourné sur le côté droit.  Protrusion de la langue entre les dents de devant, mais pas au-delà des lèvres. La langue était évidemment beaucoup enflée. Les dents de devant étaient en parfait état jusqu'à la première molaire. Le corps a été terriblement mutilé. La raideur des membres n'était pas marquée, mais commençait progressivement. La gorge était profondément incisée et la peau et les tissus ont été déchiquetés sur tout le tour du cou ... On peut dire que l'instrument utilisé sur la gorge et l'abdomen était le même. Ce devait être un couteau bien aiguisé avec une lame mince et étroite, et doit avoir été d'au moins de 6 à 8 pouces de longueur, voire plus. On peut dire aussi que les blessures ne pouvaient pas avoir été infligées par une baïonnette ou une épée-baïonnette. Elles pourraient avoir été fait par un instrument utilisé à des fins  post-mortem, mais en aucun cas pour de la chirurgie ordinaire. Le tueur doit avoir des connaissances anatomiques ... On peut dire que la défunte était morte depuis au moins deux heures, voire probablement plus. Mentionnons que ce fut une matinée assez froide, et que l’ organisme était plus apte à se refroidir rapidement, étant donné qu'elle avait perdu une grande quantité de sang. Il n'y avait rien qui incite à penser qu’il y ait eu lutte. On peut raisonnablement penser que  la défunte entra dans la cour en vie.

Rapport suite à l'examen post mortem 

Il a été remarqué les mêmes protrusion de la langue. Il y avait une ecchymose sur la tempe droite. Sur la paupière supérieure, il y avait une contusion, et il y avait deux bleus distincts, ayant chacun la taille du poing d'un homme, sur la partie antérieure de la partie supérieure de la poitrine, la raideur des membres était maintenant bien marquées. Il y avait une ecchymose sur la partie centrale de l'os de la main droite. Il y avait une ancienne cicatrice sur la gauche de l'os frontal. La rigidité a été plus sensible sur le côté gauche, surtout dans les doigts, qui ont été partiellement fermé. Il y avait une abrasion sur l'annulaire, avec des marques distinctes circulaires. De profondes incisions dans la peau de la gorge ont indiqué qu'elles avaient été faites du côté gauche du cou. Il y avait deux marques distinctes et propres sur le côté gauche de la colonne vertébrale. Elles sont parallèles entre elles et séparées d'environ un demi-pouce. Il y a eu diverses autres mutilations du corps, mais je suis d'avis qu'elles sont survenues post-mortem, vu la fuite importante de sang lors de la division du cou. 

La défunte présentait une maladie très avancée des poumons et des membranes du cerveau, mais qui n'avaient rien à voir avec la cause du décès. L'estomac contenait peu de nourriture, et ne présentait  aucun signe de liquide. Il n'y avait aucune apparence d’alcool pris avant son décès, mais il y avait des signes évidents de grande privation et il faut dire qu'elle avait été mal nourrie. Il était certain qu'elle n'avait pas pris de l'alcool fort pendant les quelques heures précédant sa mort. Les blessures ne sont certainement pas auto-infligée. Les ecchymoses sur le visage étaient évidemment des dernières années, en particulier sur le menton et le côté de la mâchoire, mais les bleus en face de la poitrine et la tempe étaient plus récents - probablement de quelques jours. Il était d'avis, que la personne qui a coupé la gorge de la défunte,  l’a saisit par le menton, puis a commencé l'incision de gauche à droite. Il était fort probable que la défunte n’ait pu crier, et donc, qu'elle pourrait avoir été bâillonnée. Le visage tuméfié et la langue tirée,  étaient tous deux des signes de suffocation. 

L'abdomen avait été entièrement ouvert: les intestins, coupés de leurs attaches mésentériques, ont été enlevés hors du corps et placés sur l'épaule du cadavre, tandis que sur le bassin, l'utérus et de ses annexes avec la partie supérieure du vagin et les deux tiers postérieur de la vessie, avait été entièrement enlevés. Aucune trace de ces parties disparues. Les  incisions ont été  nettes, en évitant le rectum, et en divisant le vagin suffisamment bas pour éviter de blesser le col de l'utérus. Évidemment, le travail a été celui d'un expert – ou de quelqu’un qui avait une bonne connaissance des examens anatomiques ou pathologiques pour être à même d'obtenir les organes du pelvis d'un coup de couteau, et qui doit posséder un instrument d’au moins 5 ou 6 pouces de longueur, probablement plus.  L'aspect de la coupe a confirmé l'avis que l'instrument, comme celui qui a divisé le cou, avait été d'un caractère très pointu. Le mode dans lequel le couteau avait été utilisé semble indiquer une grande connaissance de l'anatomie.
  

La tombe d'Annie Chapman n'existe plus au Manor Park Cemetery



Elizabeth Stride
dite « Long Liz »


(45 ans)

L’Éventreur a été interrompu alors qu’il la mutilait

Date de naissance : 27.11.1843 (en Suède)

Date du décès : 30.09.1888

Nom de jeune fille : Elizabeth Gustafsdotter

Dernier domicile : 32, Flower & Dean Street

Issu d'une famille très croyante, mère de deux enfants et divorcée en 1876 de John Thomas Stride, elle fut élevé dans la rigueur de la religion. Ce qui ne l'empêchera pas de sombrer dans la prostitution en 1862. En 1866, elle décide de rejoindre l'église paroissiale suédoise de Londres. Elle rencontre et marie John Stride avec lequel elle tiendra un magasin de café jusqu'en 1875. Son histoire devient très obscure, car elle affirme que son mari et ses enfants furent tués en 1878 lors d'un terrible incendie, alors qu’apparemment d'après un rapport de police, son mari serait décédé en 1884 ! Ses connaissances la décrivent comme une femme calme et prête à aider son prochain, malgré ses penchants alcooliques et quelques arrestations pour tapages nocturnes. Elle fut enterrée le 6 octobre 1888 au East London Cemetery.

Née Gustafsdotter le 27 novembre 1843 à Torslanda, district de Göteborg (Suède). Son corps fut découvert dans Dutfield's Yard, une courette qui s'ouvrait sur Berner Street, devenue Henriques Street, par un certain Louis Diemschutz. Elle fut enterrée dans le Cimetière Est de Londres.

Son corps fut découvert dans la cour d’un immeuble abritant des Juifs et des Allemands. Liz Stride ne présentait qu’une profonde entaille à la gorge ; selon le témoignage d'un cocher, le sang en coulait encore lorsqu’il la découvrit. La presse la surnomme ironiquement « Lucky Lizbeth », celle que l'assassin, dérangé par un témoin, n'a pas eu le temps d'éventrer.

Selon certains spécialistes, ce meurtre, qui a été commis très peu de temps avant le suivant et dans un lieu éloigné, ne peut pas être l'œuvre de Jack l'Éventreur. Il lui est pourtant attribué. Un témoin, Israël Schwartz, assiste à son agression par un homme ivre qui l'a jetée à terre en vociférant des insultes.



Rapport d'autopsie

Dr George Baxter Phillips, qui a également traité l'affaire Chapman et le meurtre de Kelly, a effectué l'autopsie de Stride. Il a également été présent sur les lieux et, après avoir examiné le corps, affirme que ae défunte n'avait pas mangé de raisin. Son rapport se présente comme suit: 

Le corps était couché sur le côté  avec le visage tourné vers le mur, la tête face à la cour et les pieds vers la rue. Le bras gauche le long du corps et il y avait un paquet de cachous dans la main gauche. Le bras droit était sur le ventre, le dos de la main et du poignet portaient du sang coagulé. Les jambes ont été repliées sur les pieds à proximité du mur. Le corps et le visage et les jambes étaient chauds et les mains froides. La personne décédée avait un mouchoir de soie autour de son cou,  légèrement déchiré. Depuis, j'ai constaté qu'il avait été coupé. Cela correspondait à l'angle droit de la mâchoire. La gorge était profondément entaillée et il y avai une abrasion de la peau d’environ un pouce et demi de diamètre, apparemment tachés de sang, sous son bras droit. 

A quinze heures le lundi à Saint - George's Mortuary, le Dr Blackwell et moi-même avons fait un examen post mortem. La Rigor Mortis était encore bien marquée. Il y avait de la boue sur le côté gauche de la face, qui  était également emmêlée dans ses cheveux. Sur les deux épaules, en particulier à droite, et sous la clavicule et en face de la poitrine, il y avait une décoloration bleuâtre. Il y avait une incision nette sur le cou de six pouces de longueur, entamée deux pouces et demi dans une ligne droite sous l'angle de la mâchoire, devenant alors plus profonde, et divisant la gaine. La coupe était très propre et s'écartait un peu en bas. Les artères et autres vaisseaux contenus dans la gaine ont tous été coupés. La coupe à travers les tissus sur le côté droit était la plus superficielle, et ralentie à environ deux pouces sous l'angle droit de la mâchoire. Les vaisseaux profonds de ce côté n'ont pas été blessés. Il en découle que l'hémorragie a été causé par la rupture partielle de l'artère carotide gauche. La décomposition avait commencé au niveau de la peau. Des taches brunes foncées étaient présentes sur la face antérieure du menton à gauche. Il y avait une malformation des os de la jambe droite, qui n'était pas droite, mais s’inclinait vers l'avant. La défunte avait  de légères blessures externes récentes enregistrées dans le cou. Le corps étant lavé, j’ai pu apercevoir de manière plus approfondie quelques boutons de  guérison. Le lobe de l'oreille gauche a été arraché, comme si on avait tenté d’arracher une boucle d'oreille. En retirant le cuir chevelu, il n'y avait aucun signe d'extravasation de sang. Le cœur était  petit. Il n'y avait pas de caillot dans l'artère pulmonaire, mais le ventricule droit était plein de caillots noirs. L'estomac contenait des aliments partiellement digérés, apparemment composé de fromage, pomme de terre, et la poudre farineuse. Toutes les dents sur la mâchoire inférieure gauche étaient absentes.


 (tombe no 15509)



Catherine Eddows
dite « Kate Conway »







Reconstitution contemporaine en résine




(46 ans)

 Assassinée le 30 septembre 1888

 Deuxième victime, le même soir qu’Elizabeth Stride.

L’Éventreur a prélevé l’un de ses reins et une grande partie de son utérus.

Date de naissance : 14 avril 1842 à Wolverhampton (Staffordshire)

Date du décès : 30.09.1888

Nom de jeune fille : Catherine Eddows

Dernier domicile : 55, Flower & Dean Street

Catherine est l’aînée d'une famille de trois filles. Née à Wolverhampton, elle y fait également ses études. Sa mère meurt en 1855 et Catherine est suivie par sa tante. En 1861, elle quitte le foyer avec un certain Thomas Conway. Ils écument diverses villes et vivent de la vente de livres bon marché. En 1866, ils rejoignent Londres et elle donne naissance à son premier enfant. Elle en aura trois. Le couple se sépare en 1881 et Catherine emmenage à Flower & Dean Street, où elle rencontre John Kelly avec lequel elle va travailler les champs dans le Kent pendant la saison. Le 28 septembre 1888, ils rentrent à Londres et elle décide de faire quelques passes pour se faire de l'argent. Elle est décrite comme une personne intelligente avec un caractère bien trempé. Elle fut enterrée le 8 octobre 1888 au Manor Park Cemetery de Sebert Road.

Elle eut une fille et deux fils de son compagnon Thomas Conway. Elle fut mutilée, et retrouvée par un policier faisant sa ronde dans une petite place de la City de Londres, Mitre Square. Kate Eddowes est donc la seule des victimes canoniques de Jack l'Éventreur à avoir été assassinée en dehors du strict périmètre de Whitechapel et de l'East End. De même, le lieu de son assassinat (Aldgate) a entraîné l'entrée en action de la police de la City, et non plus de la seule Metropolitan Police, jusque là en charge exclusive de l'affaire.

Catherine Eddowes fut soumise à un véritable martyre, probablement en raison du fait que Jack n’avait pu achever son « travail » sur Elisabeth Stride (si l'on retient la thèse selon laquelle cette dernière aurait été tuée par Jack l'Éventreur). Elle fut retrouvée, le ventre ouvert, gisant dans une mare de sang, complètement défigurée : le nez et l’oreille droite entaillés, le visage marqué d’un large V au couteau. Elle était quasiment décapitée, éventrée « comme un cochon à l’étalage », l’estomac et les intestins posés sur l’épaule droite, le foie coupé, un rein et l'utérus enlevés.



Rapport d'autopsie

Premier examen sur les lieux :


Le corps était sur le dos, la tête tournée vers l'épaule gauche. Les bras le long du corps, comme si ils étaient tombés lors du décès, Les deux paumes vers le haut, les doigts légèrement pliés. La jambe gauche étendue en ligne avec le corps. L'abdomen a été ouvert. La jambe droite pliée à la cuisse et au genou. La gorge coupée. 
Les intestins ont été retirés dans une large mesure et placés sur l'épaule droite - ils étaient enduits d'une matière féculente. Un morceau d'environ deux pieds était tout à fait détaché du corps et placé entre le corps et le bras gauche. Le lobe de l'oreille et l'oreille droite ont été coupés obliquement. 
Il y avait une quantité de sang coagulé sur le trottoir du côté gauche du cou, de l'épaule et de la partie supérieure du bras. Du sang plus liquide avait coulé sous le cou et l'épaule droite, la chaussée étant légèrement en pente dans cette direction. 
Le corps était assez chaud. Aucun raidissement dû au décès avait eu lieu. Elle doit avoir été tuée probablement depuis une heure ou une heure et demie. Nous avons cherché des contusions superficielles, mais je n'en ai pas vu. Pas de sang sur la peau de l'abdomen ni sécrétion d'aucune sorte sur les cuisses. Aucune giclée du sang sur les briques ou le trottoir alentours. Grande marque de sang dessous au milieu du corps. Plusieurs boutons ont été trouvés dans le sang coagulé après que le corps ait été retiré. Il n'y avait pas de sang sur le devant des vêtements.

Examen à la morgue

Lorsque le corps est arrivé à Golden Lane, une partie du sang a été dispersée par la levée du corps à la morgue. Les vêtements ont été retirés avec soin du corps. Un morceau de l'oreille de la défunte est tombé de l'habillement. 
J'ai fait un examen post mortem à deux heures et demie dimanche après-midi. La Rigor Mortis était bien marquée. Coloration verte sur l'abdomen. Après avoir lavé soigneusement la main gauche, une ecchymose de la taille d'une pièce de six pence, récente et rouge, a été découverte sur le dos de la main gauche entre le pouce et l'index. Quelques petites contusions au tibia droit sont de dates plus anciennes. Les mains et les bras sont bronzés. Pas de contusions sur le cuir chevelu, le dos du corps, ou les coudes. 
Le visage était très mutilé. Il y avait une coupure à environ un quart de pouce au-dessous de la paupière inférieure gauche. Sur la paupière supérieure de ce côté, il y avait une éraflure à travers la peau, près de l'angle du nez. La paupière droite a été coupée sur environ un demi-pouce. Il y avait une profonde coupure sur le pont du nez, s'étendant de la bordure gauche de l'os du nez vers le bas près de l'angle de la mâchoire sur le côté droit de la joue. Cette coupe a divisé dans l'os l'ensemble des structures de la joue à l'exception des muqueuses de la bouche. Le bout du nez était complètement détaché par une coupe en biais jusqu'au fond de l'os nasal à l'endroit où les ailes du nez se rejoignent sur le visage. Cette incision a divisé la lèvre supérieure et s'est étendue jusqu'à la gencive sur l'incisive supérieure droite latérale. A environ un demi-pouce du haut du nez se trouve une autre coupe en biais. Il y avait une coupure sur l'angle droit de la bouche, comme si la coupe était issue de la pointe d'un couteau. La coupure se prolonge d'un pouce et demi, parallèlement à la lèvre inférieure. Il y avait de chaque côté de la joue une coupe, formant un lambeau triangulaire d'environ un pouce et demi. Sur la joue gauche il y avait deux éraflures de l'épithélium sous l'oreille gauche. 
La gorge était coupée en travers sur environ six ou sept pouces. Coupe superficielle commencée environ un pouce et demi au-dessous du lobe inférieur, et environ deux pouces et demi derrière l'oreille gauche, et prolongée à travers la gorge à environ trois pouces au-dessous du lobe de l'oreille droite. 
Le muscle en travers de la gorge a été divisé de biais sur le côté gauche. Les gros vaisseaux sur le côté gauche du cou ont été sectionnés. Le larynx a été sectionné en dessous de la corde vocale. Toutes les structures profondes ont été sectionnées jusqu'à l'os. La gaine des navires sur le côté droit était ouverte. 
L'artère carotide et la veine jugulaire interne ont été tranchées. Les vaisseaux sanguins contenaient des caillots. Toutes ces blessures ont été réalisées par un instrument tranchant comme un couteau pointu. La cause du décès est une hémorragie de l'artère carotide gauche. La mort a été immédiate et les mutilations ont été infligées après la mort. 
Nous avons examiné l'abdomen. La coupe a commencé en face de l'appendice xiphoïde. L'incision est allée vers le haut, jusqu'au sternum. Elle a ensuite divisé l'appendice xiphoïde. Le couteau a poursuivi ensuite son tracé obliquement à cause du cartilage. Derrière cela, le foie a été poignardé par la pointe d'un instrument tranchant. Au-dessous se trouve une autre incision dans le foie d'environ deux pouces et demi et, en dessous le lobe gauche du foie a été tranché par une coupe verticale. Les parois abdominales ont été divisées sur la ligne médiane à moins d'un quart de pouce de l'ombilic. L'incision est descendue du côté droit du vagin et du rectum sur un demi-pouce derrière le rectum. 
Il ya eu un coup de poignard d'environ un pouce à l'aine gauche. Cela a été fait par un instrument pointu. Un pouce en dessous du pli de la cuisse, il y avait une coupe qui s'étendait de l'épine antérieure de l'os iliaque obliquement vers le bas de la face interne de la cuisse gauche et qui a séparé la grande lèvre gauche, formant un lambeau de peau au dessus de l'aine. Le grand muscle gauche n'a pas été détaché. 
Il y avait un lambeau de peau formée par la cuisse droite et la lèvre droite, et s'étendant jusqu'à la colonne vertébrale de l'ilium. La peau était rentrée à travers l'ensemble de la coupe de l'abdomen, mais les vaisseaux n'étaient pas coagulés. Je tire la conclusion que l'acte a été fait après la mort, et qu'il n'y aurait pas eu beaucoup de sang sur le meurtrier. Les incisions ont été faites par quelqu'un se tenant à genoux sur le côté droit du corps.
J'ai prélevé le contenu de l'estomac et l'a placé dans un bocal pour un examen complémentaire. Il semblait y avoir très peu de nourriture ou de liquide, mais des aliments partiellement digérés se sont échappé de l'extrémité du tube digestif coupé. Les intestins ont été détachés dans une large mesure du mésentère. Le colon était coupé sur une longueur d'environ deux pieds. Le rein droit était pâle, sans effusion de sang avec peu de congestion à la base des pyramides. 
La vésicule biliaire contenait de la bile. Le pancréas était coupé, non pas à travers, mais sur le côté gauche de la colonne vertébrale. La doublure péritonéale a été coupée sur le côté gauche et le rein gauche soigneusement pris et enlevé. L'artère rénale gauche a été coupé à travers. Je dirais qu'il ne peut s'agir que de quelqu'un qui connaissait la position du rein. 
La membrane qui tapisse l'utérus est coupée. La matrice a été coupée de biais horizontalement, en laissant un moignon de trois quarts de pouce. Le reste de l'utérus a été enlevé avec certains des ligaments. Le vagin et le col de l'utérus n'ont pas été blessés. 
La vessie était saine et sauve, et comportait trois ou quatre onces d'eau. Il y avait une languette comme une coupe à travers la paroi antérieure de l'aorte abdominale. Les autres organes sont sains. 
Je crois que la blessure à la gorge, a d'abord été infligée. Je crois que la victime doit avoir été couchée sur le sol. Les blessures au visage et au ventre prouve qu'elles ont été infligées par un couteau pointu, et dans l'abdomen par un autre de six pouces ou plus. 
Je crois que l'auteur de l'acte doit avoir eu une connaissance considérable de la position des organes dans la cavité abdominale et de la façon de les éliminer. Il a fallu beaucoup de connaissances médicales pour avoir enlevé le rein en sachant où il se trouvait. Les pièces retirées seraient d'aucune utilité à des fins professionnelles. Je pense que l'auteur de cet acte avait un temps suffisant, car il n'aurait pas entaillé les paupières inférieures. Il faudrait au moins cinq minutes. 
Je ne peux pas expliquer pour quelle raison, les parties ont été emmenées. Je suis sûr qu'il n'y a pas eu de lutte, et nous croyons qu'il est le fait d'une seule personne. 
La gorge avait été si instantanément rompu qu'aucun cris n'aurait pu être émis. On ne doit pas s'attendre à voir beaucoup de sang sur la personne qui a infligé ces blessures.




Mary Jane Kelly 
(appelée parfois Mary Jeanette Kelly) 
dite « Ginger »









Reconstitution contemporaine en résine








(25 ans)

 Assassinée et affreusement mutilée dans la chambre qu’elle louait, le 9 novembre 1888.

 L’Éventreur a pris son cœur avec lui.

Date de naissance : 1863-1864 dans la ville ou le comté de Limerick en Irlande

Date du décès : 09.11.1888

Nom de jeune fille : Mary-Jane Kelly

Dernier domicile : 9, Miller's Court

On ne sait que peu de choses sur Mary-Jane. Les seules informations connues viennent de Joseph Barnett, compagnon de la victime, qui lui, les tenait de Mary-Jane. Issue d'une famille de 8 enfants. Elle aurait eu une bonne éducation et aurait quitté le domicile familiale à 16 ans en direction de Cardiff au Pays de Galles. Accompagnée d'un cousin, elle se serait livrée à la prostitution. Cependant la police galloise n'aurait eu aucunes traces de sa venue. En 1879, elle aurait rencontré un certain Davies qui se serait tué dans une explosion quelques années plus tard. En 1884, elle aurait rejoint Londres et travaillé au service d'un homme qui l' aurait emmenée plusieurs fois à Paris. N'aimant pas la ville, elle serait revenue et se serait livrée à la prostitution. Ses connaissances parlent d'elle comme un fille intelligente, décente et propre sur elle. Cependant, elle devenait agressive et vulgaire lorsqu'elle était éprise de boisson. Elle fut enterrée le 18 novembre au St-Patrick Catholic Cemetery de Langthorne.

Elle fut assassinée vers 3 heures du matin au 13, Miller's Court. Ses restes furent enterrés au cimetière catholique St Patrick à Londres. D'après les journaux de l'époque, une foule immense suivit le cortège funèbre de Mary Jane Kelly à travers l'East End, de Shoreditch jusqu'à Leytonstone ; cet épisode constitue un chapitre du roman-enquête Retour à Whitechapel, publié en 201313.




Rapport du médecin légiste

ATTENTION : Le rapport du médecin est particulièrement épouvantable !

Selon le rapport d'autopsie du Dr Thomas Bond, chirurgien de la Metropolitan Police, ce dernier meurtre dépassa tous les autres en horreur :

Toute la surface extérieure de l'abdomen et des cuisses a été arrachée, alors que les viscères ont été retirés de la cavité abdominale. Les seins sont coupés à leur base, les bras mutilés de nombreux coups de couteau irréguliers et le visage est totalement méconnaissable. Les tissus du cou ont été sectionnés jusqu'à l'os. Les viscères ont été éparpillées un peu partout : l'utérus, les reins et un sein se trouvent sous la tête ; l'autre sein, près du pied droit ; le foie, entre les pieds ; les intestins, à la droite du corps ; la rate à la gauche du corps ; des lambeaux de chair de l'abdomen et des cuisses ont été empilés sur une table ; le cœur a été retiré et n'a pas été retrouvé. » 
Le corps gisait nu dans le milieu du lit, les épaules sont à plat, mais l'axe du corps incliné vers le côté gauche du lit. La tête était tournée sur la gauche. Le bras gauche  était près du corps avec l'avant-bras fléchi à angle droit et posé sur le ventre. Le bras droit était légèrement enlevé du corps et il est posé sur le matelas. Le coude plié, avec les doigts crispés. Les jambes étaient écartées, la cuisse gauche à angle droit sur le tronc pour former un angle obtus avec le pubis. 
La peau de la surface de l'abdomen jusqu'aux cuisses a été supprimée et la cavité abdominale vidée de ses viscères. Les seins ont été coupés et les bras mutilés par des blessures en dents de scie. Les tissus du cou ont été sectionnés jusqu'à l'os. Les viscères et certains organes ont été trouvés dans différents endroits à savoir: l'utérus et un des reins, avec un sein sous la tête, l'autre sein sur le pied droit. Le foie entre les pieds, les intestins, sur le côté droit du corps et la rate sur le côté gauche du corps. Des morceaux de chaire, probablement provenant des cuisses, ont été posés sur la table et sur le poêle. Les vêtements imbibés de sang se trouvaient à l'angle droit du lit et sur le plancher sous une mare de sang qui couvre environ deux pieds carrés. Le mur du côté droit du lit à la hauteur du cou de la victime a été marqué par le sang qui a dû gicler dans un certain nombre de projections distinctes. 
Le visage a été tailladé dans toutes les directions, le nez, les joues, les sourcils, les oreilles étant en partie enlevé. Les lèvres étaient blanchies et coupées par plusieurs incisions obliques vers le menton. Il y avait également de nombreuses incisions irrégulières sur l'ensemble du visage. Le cou a été tranché jusqu'aux vertèbres, la cinquième et la sixième étant profondément échancrées. Les coupures de la peau à l'avant du cou présentait des ecchymoses distinctes. La trachée a été coupée à la partie inférieure du larynx et à travers le cartilage cricoïde. 
Les deux seins furent prélevés par des incisions circulaires, le muscle jusqu'aux nervures étant encore attaché à la poitrine. Les intercostales entre les quatrième, cinquième et sixième côtes ont été sectionnés et le contenu du thorax est visible à travers les ouvertures. La peau et les tissus de l'abdomen de l'arc costal au pubis ont été supprimés en trois grands volets. La cuisse droite a été dénudée jusqu'à l'os, y compris les organes externes de reproduction, et une partie de la fesse droite. La cuisse gauche, a été dépouillée du carénage de la peau et des muscles jusqu'au genou. Le mollet gauche montrait une entaille longue et profonde à travers la peau et les tissus musculaires, partant de cinq pouces au-dessus de la cheville et atteignant le genou. Les deux bras et avant-bras avait de vaste plaies déchiquetées. Le pouce droit a montré une petite incision superficielle d'environ un pouce de long, avec une extravasation de sang dans la peau, et il y avait plusieurs écorchures sur le dos de la main. 
À l'ouverture du thorax, il a été constaté que la partie inférieure du poumon droit a été écrasée et arrachée. Le poumon gauche était intact. Dans les sécrétions du poumon, il y avait plusieurs « nodules de consolidation ». 
Le péricarde était ouvert et le cœur absent. Dans la cavité abdominale il y avait de la nourriture partiellement digérée comprenant du poisson et de pommes de terre, et de la nourriture analogue a été constatée dans le reste de l'estomac attaché à l'intestin. Le sang sur le mur a été produit par la rupture de l'artère carotide, qui était la cause du décès. Les blessures ont été infligées alors que la défunte était couchée sur le côté droit du lit



Egger Ph.